mardi 20 mars 2012

HBL interviewé par Daisy Déhault, pour le Petit Vinlandais.

Un article de Thierry Savatier ("Le Monde") sur H.B.L et son "SAVOIR FAIRE" publié par Sam Sufy est ici




Bien qu’il gèle à pierre fendre, un froid de canard (gras) au cœur de la vague de froid de janvier-fevrier 2012, la yourte est torride ; deux bonnes douzaine d’amies et de camarades d’HBL lui tiennent compagnie. Il part demain pour le pôle Sud, et la ciao-party bat son plein. Vin, bière et hydromel bios à l’eau du cru local, ciao-cake maison pour tous. 11:00 - On joue de la musique, joutes variées, danse. 14:30 - On invoque (en portant des toasts) tour à tour Beethoven, Marx, Darwin, Goethe, et quelque Grand de la Pensée Classique Française « …dont le nom a moins profondément entaillé le marbre de l’Histoire Universelle que ceux de ces anglo-saxons inoxydables ! » raille ce beau gosse de 20 ans, gai et tapageur, qui semble légèrement ivre. C’est HBL. Hirsute, dépoitraillé et vêtu de rouge. Il délaisse un instant l’orgue électrique pour allumer sa pipe ; une ravissante ciao-girl le remplace au pied levé alors qu’il répond favorablement et sans hésiter à ma demande d’interview. »


Quelle état civil cachent ces initiales, HBL ?

C’est très simple : je porte un nom assez commun en Gascogne, et particulièrement dans les Landes. On est quelques centaines, au bas mot, à s’appeler Lanusse ; trois généraux connus (deux d’Empire, un Argentin) portent ce nom antique ; vérifiez dans l’annuaire, chère Daisy… Pas facile à porter, même à Bordeaux, (il mime Droit dans mes bottes) où j’ai étudié (il mime les Trois Singes) …Pas facile, vous vous en doutez. Ici ? Pas un ricanement. Vous pensez, les Lanusse ont un poids démographique, ici. Bref, Henri Brandon Lanusse, ça aurait fait beaucoup, pour un gars qui publie un manifeste où la défécation et les toilettes ont un rôle central, où l’excrétoire est catalyseur de discours, où la Posture Correcte de Défécation déboulonne le trône des sophistes modernes et chasse à la fosse l’aporie capitaliste !

Pensez-vous être victime de discriminations liées à votre nom ?


Discriminations ? Quel mot laid ! Bas comme une loi de minuit ! Je dirais plutôt stigmatisation ; on peut être athée et aimer la magie, si vous voyez ce que je veux dire. Au départ, mes parents, des farceurs, m’ont prénommé Brandon. Bon, j’ai dû faire avec : les prénoms Tupi-Guarani, Mongols et Papous, mes parents ont arrêté deux ans avant ma naissance, pour suivre la mode des prénoms Yanquis : la télé venait d’arriver, avec l’électricité, quand la famille Lanusse s’est installée ici. Djézeun ! Phibi ! Brandonne ! À table ! Le canard ça peut rendre un peu con, ou alors c’est d’avoir autant d’enfants, ou d’être vieux, ou la télé ! Henri ; second prénom, un ancêtre, je crois. Mais bon, j’ai tenté très tôt d’imposer l’usage d’Henri. Mais à Bordeaux, Toulouse ou Paris, Henri Lanusse fait pouffer. Même sans Brandon.
(Un jeune barbu hilare lui tend un brandon, auquel il rallume sa pipe)
Bref, HBL, Hadj Béhel, Eïtch-Bi-Ell’, Atché-bé-el-lé, ça me va. Personne n’a encore eu à se plaindre d’avoir à le murmurer ou de devoir le chanter !
(rires féminins)

Des chœurs mixtent éclatent à cet instant. L’interview ne reprendra pas avant le sommeil d’HBL et son départ matinal pour les pôles.

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